Postanovscik
 
       
             
                 
   

Mise en scène fidèle des mouvements de l’esprit d’un homme aux prises avec un espace vide.

Devant lui une paroi brûlée, desséchée par le feu. Il attend. Il s’assoit à terre et regarde. Le train des vies qui s’avancent en ce lieu roule vite, rails parallèles s’éloignant sans cesse. Il sait bien que le fait d’agir lui sert davantage à connaître le monde qu’à se faire connaître de ce dernier. Il envoie une patrouille en reconnaissance, crée des avant-postes dans un territoire qui ne peut être ennemi selon lui, mais qui assurément, a des règles différentes, une logique autre.

Où trouvera-t-il la force, encore une fois, pour amorcer des relations avec d’autres figures et d’autres matériaux ? De qui suis-je en train de parler? Je me déplace de quelques millimètres par jour. Ils ne m’appartiennent pas.L’homme du récit devient l’homme qui raconte. Et il attend. Une petite porte s’ouvre. Il patiente. La patience de l’imprudent. Celle du suivant. Il voyage pour les hommes, lui qui a en horreur les regroupements humains.Il les trouve sur les trottoirs des bordels abandonnés, où la fumée a du mal à sortir. Il s’assoit au milieu, sans être vu, presque jamais piétiné, toujours flairé.Il laisse un sillage, reconnaissable par qui? Il est là, un marteau en main, deux clous. Les jambes fléchissent, attirance du sol, le bassin ramasse la dépouille du buste et le conduit à terre. Le fardeau du texte lancé par l’autre l’offense. Le bourreau est prêt pour le coup.

Et démarre le « loop ». Traîné par la description de ce qui survient, enclin au suicide pour toujours il s’en éloigne, il reconnaît au théâtre sa qualité extractrice sachant bien lancer vers vous et vers lui-même le dard de l’illusion. Pourtant c’est cela qui le fait avancer, qui déplace les rocs à sa place, les dépose sur les sommets et les expédie comme des éclairs. Les passants se tournent, sans Etre touchés, ignares. Tu y es ? Utilises alors ces « comme-ci, comme-ça », fais-en ce que tu veux. Mais tu ne les auras jamais. Où est-ce que je me trouve maintenant ? Passe l’avant-bras devant les yeux. Tout disparaît. Tu dois revenir en arrière… et lui va au début.

Il est conscient d’habiter une illusion. Jour après jour il cherche d’en renforcer l’image. Et il élabore des structures de relations qui lui permettent d’oublier qu’il a oublié. L’abandon définitif de la simulation le rejoint à partir du moment où il réussit à affirmer que le monde dans lequel il vit est une prison. Et il se prépare de toutes ses forces à l’abandonner. Quelqu’un lui affirme qu’en réalité ce que nous voyons, ou plutôt percevons et sentons, ce sont toujours et seulement des exemples. Et de cela, il en fait la voix à suivre pour aller de l’avant. Il établit la règle à enfreindre.

Quand, déjà depuis longtemps il a reconnu avec clarté dans le Stalker de Tarkovskij et dans celui des frères Strugatski  la possibilité de l’exemple, il repense à cette porte en verre qui sépare le lieu de la vision et celui de l’attente, il voit un homme séparé de l’autre, le lieu de la scène et celui du spectateur, il voit une porte, l’obstacle, et voit un œil du monde se placer à l’endroit où l’action fait son œil.

La porte qui s’ouvre et la tribune qui s’avance, légère, sur les rails, sont la nécessité solide confirmant la succession de la pensée, du désir, de l’abandon. Il n’y a plus de temps à perdre. Notre train est arrivé. Et nous sommes avec eux. L’impossibilité d’Etre là. Le Stalker pose le bras sur le plateau de la balance. Qui n’existe pas. Les poids sont des sourires, des inquiétudes, des fatigues, des souvenirs. Nous avons été arrachés à ce lieu, simplement éloignés. Comme il voudrait rester là, avec eux.

Quelqu’un lance un dé. Les parois s’ouvrent, un portail avance et fixe la limite de l’action. Et Arthur gravit le versant, l’autre figure, debout, avec le visage tourné vers ailleurs. Regards au-delà du temps. Les yeux vers le bas cherchant un début. Car faiblesse est force et puissance n’est rien.

Sur la table de dissection, derrière la scène, il écoute, lui qui n’est pas avec les autres. Entre une machine à coudre et un parapluie. Il est dans le noir. Les lumières sont ailleurs. Sur ce lit de solitude et de mort, il entend descendre le versant, les pas de la rencontre, la voix étranglée de la naissance.

Bonheur, bonheur pour tous. Personne ne sortira d’ici insatisfait !

   
                 
con
Daniela Bianchi, Eleonora Sedioli, Andrea Basti, Lorenzo Bazzocchi, Roberta Raineri, Catia Gatelli, Olivier Caumod
suoni e mappatura ambiente
Mirko Fabbri
luci
Lorenzo Lopane
architetture sceniche
Lorenzo Bazzocchi
allestimento
Eleonora Sedioli, Andrea Basti, Roberta Raineri, Manuela Savioli, Lorenzo Bazzocchi, Catia Gatelli
assistente alla regia
Catia Gatelli
regia
Lorenzo Bazzocchi
 
organizzazione, ufficio stampa
Catia Gatelli
 
produzione
Associazione Culturale Masque, Festival Crisalide
col contributo di
Ministero per i Beni e le Attivitą Culturali
 
home page